LOUIS SCLAVIS

"Dans la nuit"

(ECM / Universal)

Créer en 2001 une bande sonore pour un film conçu en 1930, voilà une gageure que seul un expert de la discipline pouvait relever. Et l’heureux élu n’est autre que Louis Sclavis, le fameux clarinettiste lyonnais aussi à l’aise avec Duke Ellington que Jean-Philippe Rameau. Pointure recherchée mais discrète, ce vétéran du jazz hexagonal fait partie de ceux qui, entre composition et improvisation, ont décidé de ne jamais choisir. Pour illustrer ce chef-d’oeuvre du cinéma muet, Sclavis a dû se plier à des contraintes inhabituelles notamment d’ordre temporel et esthétique. Accompagné d’instrumentistes chevronnés (Dominique Pifarely au violon, Vincent Courtois au violoncelle, François Merville aux percussions et Jean-Louis Matinier à l‘accordéon), il ciselle une musique sophistiquée, nimbée d’un parfum suranné évoquant un sentimentalisme et une insouciance typiquement français. Ainsi, si l’accordéon occupe ici une place de choix, marimba, violon et violoncelle soulignent avec concision les contours tour à tour dramatiques et légers de l‘oeuvre visuelle. Au total, Sclavis colle parfaitement aux thèmes du film - l’amour, la tragédie, la trahison - et rend au passage un un hommage inspiré à son réalisateur, le comédien Charles Vanel.

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