JAH WOBBLE "Mu" (Trojan / Sanctuary) C’est après presque un an de silence que Jah Wobble revient sous les feux de l’actualité. Une première pour notre as du dub qui, depuis le début des années 90, s’était rarement éclipsé plus d’un semestre.Faisant suite à une anthologie (déjà sortie chez Trojan) largement saluée par les médias, ce disque était donc attendu à plus d’un titre. Outre une pochette toute symbolique – sorte de roue d’inspiration bouddhiste associant picto consuméristes et images naturalistes - préfigurant un contenu copieusement bigarré, cette production se singularise par l’absence des fameux Invaders of the Heart, habituel groupe partenaire du Jah! Autre
fait notoire de ce disque: l’omniprésence du chant avec lequel
Wobble renoue personnellement, dans un registre typique caractérisé
par la grâce nonchalante de ses années « hits ».
Et dès les premiers instants de « Viking Funeral »,
titre d’ouverture, l’ambition de Mu s’affiche sans complexe:
confectionner la plus addictive synthèse de grooves enveloppants
et de mélodies enjôleuses. Une intention servie par l’esprit
perfectionniste et non-conformiste d’un Wobble qui ne se dépare
jamais d’un goût des juxtapositions iconoclastes. Ainsi, si
de prime abord la luxuriance de certains arrangements surprend, on perçoit
en filigrane la dimension exploratoire et quasi magique de ce disque.
Le brassage d’influences multiculturelles (du Japon à l’Afrique
du Nord) et multigenres (du rock à l’indus), s’y opère
avec raffinement, soutenue par l’inusable matrice rythmique du boss
véhiculant une sensibilité dub apaisée. Copulation
alanguie d’un reggae dubissant et d’une pop « baggy
» (remember Stone Roses) par ci, friction malicieuse
entre electro muzak et voix orientalisante par là, ou encore échanges
osés entre lounge jazzy et funk orchestral, Wobble ne lésine
ni sur les gimmicks (tels ces vocodeurs ou synthés vintage) ni
sur les motifs (flûte orientale, cornemuse) « décontextualisés
», égrenant d’authentiques perles de pop dansante et
itinérante. Balayant des paysages multicolores que seuls les nouvelles
technologies peuvent façonner, « Mu » fait un peu office
de traité musical consacrant l’art du métissage baroque
en environnement « radiophoniquement correct ». Un disque
dont le rapprochement constant entre trames hypnotiques et lignes sirupeuses
fait la marque de fabrique, disque charmeur et lumineux qui vaut à
son auteur un fulgurant retour dans le gotha de la pop globale ! |
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