"As
I Crossed a Bridge of Dreams" - CD "Implosions"
(ECM Records - 1976)
"Part
2" - CD "Wings Over Water" (ECM
- 1982)
"Part
6" - CD "The Music of Stones"
(ECM - 1989)
"Part
2" - CD "Darkness and Light" (ECM
- 1990)
"Part
2" - CD "Athos" (ECM - 1994)
"Violeta"
- CD "The Garden Of Mirrors" (ECM -
1997)
"Thirteen
Eaggles" - CD "Desert Poems" (ECM
- 2001)
"Flying
Horses" / "Birds of Dawn" - CD "Towards
the Wind" (ECM - 2002)
Né
en 1953, Stephan Micus, est de ces oiseaux migrateurs
que seules les années 70 pouvaient engendrer. Dès l'adolescence,
ce Bavarois sans histoire comprend que sa quête artistique et
personnelle ne pourra s'accomplir qu'à travers la découverte et
le voyage. Ainsi, à l'âge de 16 ans, il commence à parcourir le
monde. Si sa première escapade marocaine s'avère déterminante,
ce sont, un peu plus tard, ses séjours prolongés en Inde et au
Japon qui lui permettront de parfaire sa formation musicale. Puis,
au milieu des années 80, il s'installe aux Baléares où il demeure
encore aujourd'hui. Au-delà de sa fascination pour l'Afrique,
le Moyen Orient et l'Extreme Orient, Micus trouve ainsi dans la
culture méditérranéenne une source d'inspiration et d'équilibre
déterminante.
Après
la sortie en 76 d'un premier opus - le collector "Archaic
concert", Micus publie en 77 un second album, sa première
perle discographique intitulée "Implosions". Evoquant sur un premier
morceau long de 20 minutes un Nick Drake déambulant sur les bords
du Gange, ce disque est une ôde douce à l'imaginaire nomade le
plus mélancolique, une oeuvre subtilement métissée sur fond de
cithare, oscillant entre instincts visionnaires et divagations
utopistes. Dès lors et jusqu'à aujourd'hui, Micus consacre la
majeure partie de son temps à la découverte d'instruments traditionnels,
tant à vent qu'à cordes, et à la connaissance la plus précise
possible des cultures dont ceux-ci sont issus. Qu'il les berce
de sonorités folk aux accents celtiques ou qu'il les entoure d'un
souffle spirituel venu d'Arabie ou de Perse, Micus égrène durant
les années 80 de nombreux albums visionnaires. Cependant, l'intention
de ce vagabond n'est pas de perpétuer au sens strict les traditions,
mais de combiner ses instruments à forte identité de façon audacieuse
et inédite.
Pour
satisfaire ses instincts d'acousticien explorateur, Micus n'hésite
pas à modifier des instruments. Ainsi pour l'album "East
of the Night", publié en 1985, il fabrique spécialement
deux guitares aux résonnances proches de celles de la cithare.
Sur "Darkness and Light" sorti en 90, on découvre
le musicien anthropologue. le Bavarois utilise un ki-un-ki, instrument
d'origine sibérienne qui, contrairement aux instuments à vent,
est joué par inhalation. Mais cet album permet aussi de découvrir
le dilruna, instrument à corde indien dépassant les potentialités
d'un violon ou d'un violoncelle. Notre barde aime aussi capturer
l'atmosphère de lieux hautement spirituels qui le fascinent, comme
pour "The Music of Stones" (projet dédié à des
sculptures de pierres résonantes) enregistré dans la cathédrale
de Ulm. Il en va de même avec l'album "Athos",
sorti en 94, inspiré quant à lui par la solennité d'un haut lieu
de la religion orthodoxe. Il s'agit du Mont Athos situé en Grèce.
Une semaine durant Micus a vécu au rythme des moines résidants,
isolé dans ce cadre féérique typiquement méditérranéen. Une expérience
exceptionnelle qui , sur le plan vocal, l'amène à gagner en gravité
et en profondeur.
Reconnues pour leur accessibilité, les compositions de Stephan
Micus possèdent une forte dimension contemplative et illustrative.
Avec "The Garden of Mirrors", sorti en 97, Micus
emmène l'auditeur plus loin encore dans son jardin de sons merveilleux,
dans ses paysages sonores intérieurs. Il y échantillone sa voix
vingt fois et la fait sonner comme un choeur grégorien. Avec cet
album aux couleurs de l'Orient et de l'Afrique profonde, jamais
sa musique n'a semblé plus fraîche, ses mélodies plus entêtantes,
ses atmosphères plus envoûtantes... Avec "Desert Poems",
son album suivant sorti en 2001, Micus élargit toujours plus son
horizon musical et son répertoire d'instruments. Ainsi joue-t-il
ici de trois instruments africains: le doussn' gouni (une harpe
d'Afrique de l'ouest), le kalimba (un piano à pouce tanzanien)
et le dondon (un tambour parleur de Ghana). Pour la première fois,
il propose un arrangement instrumental tiré d'un chant polyphonique
grégorien du XIII° siècle mais il y chante également en anglais
mariant de nombreux styles vocaux dont celui du théâtre no. D'apparence
plus simple et plus austère que ses prédécesseurs, cet album s'apprécie
tel un recueil de portraits musicaux traversés d'humeurs tour
à tour méditatives, mélancoliques et extatiques.
"Towards the Wind", nous amène vers une nouvelle
destination: l'Arménie. Après être tombé amoureux du doudouk,
équivalent arménien du hautbois, Stephan a décidé d'étudier cet
instrument auprès du maître, le célèbre Djivan Gasparyan
(connus chez nous pour ses albums sur All Saints et un projet
sur Real World avec Michael Brook).
Après un mois de pratique intensive, Micus est revenu à Majorque
avec l'intention d'aborder le doudouk sous de nouveaux angles
et de l'associer à des instruments lui étant forcément inconnus.
Des plus convaincants, les résultat de ce chantier se retrouvent
dans "Towards the Wind", album plus intimiste
et recueilli que les deux opus précédents. Un disque exigeant
qui, une fois encore, nous fait entrer dans des espaces acoustiques
préservés (où se retrouvent, dans les rôles principaux sa flûte
sakahuchi et sa guitare à 14 cordes), dans un sanctuaire de sons
chaleureux (le timbre doux et nasillard si particulier du doudouk)
peuplé de nuances et de mystères.
Vous
l'aurez compris, Micus est un enchanteur solitaire, un archéo-musicologue
itinérant dont nous avons plus que jamais besoin! Dans un contexte
de fort engouement pour les musiques métissées authentiques, on
se prend à rêver d'un Micus apprécié à sa juste valeur qui, logiquement,
toucherait le public de Dead Can Dance comme
celui de Steve Roach ou de Jan Garbarek.
ALIGRE
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