JON HASSEL

"Maarifa Street"

(Label Bleu / www.label-bleu.com - www.jonhassel.com)

A bientôt 70 ans, le trompettiste de Memphis fait office de patriarche des musiques transfrontalières. Il appartient au cercle fermé des prophètes musicaux méconnus dont l’influence se fait chaque jour grandissante. Pour sa première production en six ans, (depuis son fantastique « Fascinoma » aux côtés notamment de Ry Cooder) l’américain nous donne virtuellement rendez-vous en Irak, « rue de la connaissance et de la sagesse ». Un lieu chargé de symboles dont le nom a inspiré le titre de cet album. Pour son treizième album, Hassell est parti d'extraits de trois concerts (donnés entre 2002 et 2003) qu'il a choisi de remodeler et de peaufiner en studio. Des extraits de 3 performances éclairées sans cesse par la basse tactile de Peter Freeman et son incomparable trompette lunaire, où s’entrecroisent également clavier, guitare, voix et oud. Avec l'aide des technologies actuelles, Hassell revisite ici sa propre histoire. Il réutilise par exemple sur un titre les tambours de Abdou Mboup qu’il avait enregistrés en 1983. Mais il pose aussi pour la première fois ses complaintes incandescentes sur des canevas infradub dignes de Pole. Sur 3 titres, sa trompette escorte même la voix de Dhaffer Youssef, pour des instants de poésie contemplative uniques. Bref, avec Maarifaa Street, Jon Hassell se joue une fois encore des lois de la pesanteur comme des contraintes géographiques, marquant une nouvelle avancée sur la voie d’un Quatrième Monde en mutation constante.