B.O. “Edy” interprétée par NILS PETTER MOLVAER (Soundtrackpartners / Sula Records / Wagram - www.nilspettermolvaer.com) Peu
connu du grand public mais très productif (principalement dans
le domaine des téléfilms), Stephan Guérin-Tillié
rejoint le cercle de moins en moins fermé de ces acteurs qui ont
choisi d’exercer leurs talents également derrière
la caméra. Si, pour son baptême du feu comme réalisateur,
celui-ci a confectionné un film qualifié de prometteur par
la critique, convoquant au passage un casting magistral composé
notamment de François Berléand, Marion
Cotillard et Philippe Noiret, la bande-son de
ce long métrage a bénéficié de soins attentifs,
prodigués eux aussi par un novice de la discipline : Nils
Petter Molvaer. Plus connue pour ses frémissantes intrusions
au sein du Quatrième Monde cher à Jon Hassell,
la trompette du norvégien trouve l’occasion de donner ici
sa pleine mesure illustrative et émotive, profitant de cette vitrine
(hélas trop discrète) pour s’inscrire définitivement
dans la veine la plus ambitieuse de l’école électro-jazz.
Un authentique challenge donc pour Molvaer qui, sans sortir de son habituel
spectre sonore, a su se soumettre aux impératifs de la narration
et nourrir de ses harmonies éthérées et craquements
digitaux les tensions si paradoxales du film. Car c’est sur les
trames d’une œuvre jouant habilement des silences et de l’ambiguïté
de ses personnages que NPM a posé son souffle distinctif et disséminé
ses "beats" ravageurs. Lorgnant vers l’univers du polar
sombre, mais à l’humour subtilement grinçant, le film
fait ainsi corps avec sa musique, atmosphérique à souhait,
laissant à cette dernière sept premières minutes
d’entière possession des images. Avec « Edy »
programmations et trompette enivrent le spectateur pour l’emporter
peu à peu dans un tourbillon d’émotions duelles. Sur
les traces d’illustres modèles ayant succombé à
la tentation de l’ «ascenceur» filmique, NPM délivre
un album de grande tenue qui, avec ou sans images, se veut le captivant
reflet d’un univers louche et tourmenté. Un monde ouaté
et crapuleux qui a assurément tout de celui d’Edy. |
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